Portrait de Provence - Eric Sapet
Portrait de Provence
Le cueilleur d’étoiles
« Le jour viendra où vous n’aurez plus envie d’être sous les ordres de quelqu’un, explique Eric Sapet. Et quand ce jour viendra, ce sera le moment de travailler pour vous-même. »
Pendant des années, derrière ses fourneaux, le chef-propriétaire de La Petite Maison à Cucuron a récolté des étoiles pour les autres. C’est à 40 ans qu’il a voulu voler de ses propres ailes. Mais cette envie était-elle vraiment due au hasard ?
Au même moment, Lady Hamelin, une femme issue de milieu aisé, avait acheté une maison d’angle au célèbre Étang quelques années plus tôt pour y installer son propre chef. Quand cette collaboration a pris fin, elle a appelé Sapet, qui avait déjà cuisiné quelques fois chez elle.
« Elle m’a fait une proposition que je ne pouvais pas refuser », explique le chef venu de Salon-de-Provence qui a appris le métier à Paris. Dans La Tour d’Argent tout d’abord, puis dans d’autres maisons glorieuses, et finalement dans le Mas des Herbes Blanches à Joucas.
« La Provence n’a pas vraiment changé depuis toutes ces années. Peter Mayle a ouvert le chemin à toute la communauté anglo-saxonne mais le paysage vallonné, avec ses champs de maïs jaunes et ses tapis de lavande bleue, avec ses vieux villages intacts et ses sublimes panoramas ouverts proposant un éventail de couleurs, est toujours là. Sans oublier le Mistral et les cigales !
En raison du climat, il y a peu de vraies fermes. Les rares produits du sol qui y poussent démontrent la simplicité de la nature : tomates, pommes de terre, melons. Le reste vient du marché. Rien de très raffiné, au passage… Il convient donc de retrousser ses manches et de donner une personnalité à ces produits rudimentaires. Et c’est cela notre point fort, comme en Italie. Truffes aux pommes de terre ou aux œufs brouillés, pâté, ratatouille. Gibier qui a mijoté durant des heures. Rien de ce que l’on pourrait retrouver dans un reportage de Côté Sud, mais tout aussi délicieux.
Étant donné notre proximité avec Aix-en-Provence, nous attirons des gens tout au long de l’année. Contrairement au Nord Luberon, où Ménerbes, Gordes et Bonnieux semblent comme abandonnés en hiver. »
Modeste comme il est, Eric Sapet oublie de mentionner qu’ici aussi, il y a quelques années déjà, il a récolté une étoile Michelin…